Etre une maman divorcée ça veut dire ne plus avoir le contrôle de ce qui se passe lorsque les enfants sont avec leur père. Et ça, bein ça n’est pas toujours facile à gérer.
Je ne peux pas appeler leur père et lui dire qu’il devrait faire les choses comme ci, ou comme ça. Bien sûr, je pourrais le faire, mais les chances qu’il m’écoute sont quand même plutôt mince sachant qu’il a plutôt tendance à faire le contraire de ce que je pourrais suggérer. Ah cette foutue colère non digérée…
Une fois, quand mes enfants me confiaient leurs émotions, leur plaintes, de certains des comportements de leur papa, qui, je rassure tout le monde ici, est un bon papa mais qui tout simplement n’est pas parfait, tout comme moi d’ailleurs, j’ai impliqué sa soeur, la tante de mes enfants, avec laquelle j’entretiens des relations de confiance.
Elle a bien compris l’enjeu et lui a parlé. Il l’a bien pris cette fois-là et cette discussion a ouvert un dialogue constructif entre mon ex et mes petits loulous.
Aujourd’hui la donne est un peu différente. Mon ex-mari a une nouvelle compagne et qui dit nouvelle compagne, dit nouvelle priorité pour le papa, mais aussi nouvelle dynamique à la maison.
Je ne vais pas ici faire l’étalage de ce que mes enfants me racontent, mais franchement, on n’est pas loin de « Cendrillon » parfois. J’exagère un peu, enfin, je l’espère, mais c’est juste pour donner le ton et mettre un peu d’humour dans cette situation qui n’est malheureusement pas très fun pour mes enfants.
En gros, mes enfants me parle de ce qui se passe à la maison de leur papa, quand ils sont avec moi, et ils m’appellent parfois en pleure quand ils sont chez lui.
Evidement, il y a toute une partie de ce qu’ils me disent, qui peut être mise sur le compte du « il faut du temps pour s’habituer à une nouvelle personne qui vient « voler » une partie de leur papa » et j’essaie toujours de soutenir mon ex-mari dans sa nouvelle vie en incitant mes enfants à être souple et dans l’accueil de cette nouvelle situation.
Je leur conseille le dialogue. Dites à votre papa ce que vous ressentez, dites-lui comment vous vivez cette nouvelle situation, qui par ailleurs, n’est plus si nouvelle que ça, car on parle quand même de 2 ans maintenant.
Alors ils me répondent « Mais on parle à papa, mais il n’écoute pas. Il la défend toujours, il dit que c’est à nous de nous adapter, de faire un effort … ».
J’en profite pour faire un petit aparté ici, pour reconnaître que son rôle à elle n’est pas évident non plus. Elle débarque dans un amour où le passé à quand même laissé deux enfants qui ont leur place bien établie dans la maison, et auprès de leur père. Se faire sa place, être reconnue, se sentir légitime, ne doit pas être évident non plus. Mais bon ce n’est pas le sujet du jour…
Mes petits loulous et leurs larmes donc. Ils sont donc confrontés à tant d’émotions et ils se sentent prisonniers de cette situation. Ils peuvent m’en parler, mais ils ne peuvent rien faire. Ils subissent et du coup sont forcés à ravaler leurs émotions.
Et là, moi, je vois rouge, évidemment. Après des années de travail sur moi, de développement personnel et d’exercices en tant que coach, je sais bien à quel point les émotions non reconnues, non accueillies, non vécues et surtout non évacuées en enfance peuvent laisser des marques dans l’âge adulte et surtout handicaper son épanouissement personnel.
Alors après les discussions ce week-end et après avoir eu mon fils hier au téléphone avec le cœur lourd et la petite larme au coin de l’œil, je me sens désemparée. Je dois aider mes enfants.
Mes enfants ont maintenant 11 et 13 ans, ils sont donc assez grands pour comprendre beaucoup de choses. Ils sont assez grands pour apprendre à gérer leurs émotions et surtout à se défendre face à l’adversité.
Alors je leur dis qu’ils doivent parler avec leur père, encore. Qu’ils doivent parler de leurs émotions, de leurs ressentis, qu’ils doivent parler dans le « je » et ne pas utiliser le « tu » qui, nous le savons bien, est vécu comme une attaque et par conséquent dans la plupart des cas, braque l’autre au lieu de l’inviter au dialogue.
Je leur ai aussi dit que l’important ici, n’est pas vraiment que les choses changent, même si c’est tout ce que je leur souhaite, mais que l’essentiel aujourd’hui est qu’ils puissent se libérer de leurs émotions afin de retrouver la légèreté qui devrait être à la base de la vie de tout enfant.
Ce moment n’est peut-être pas très agréable à vivre pour mes enfants, mais il s’agit d’une formidable opportunité de grandir, d’apprendre à reconnaitre et à gérer leurs émotions, d’apprendre à dialoguer avec bienveillance en engageant l’autre plutôt que de l’assaillir de reproches.
C’est ça la vie, pour les petits et les grands, un apprentissage, une évolution, une lutte parfois et une jouissance d’autre. Les émotions sont les couleurs qui dessinent notre vie et nous le savons tous, une vie pleine de couleurs fait un dessin bien plus riche et bien plus intéressant.
Cette histoire, je la partage avec vous aujourd’hui, pas pour casser du sucre sur le dos de mon ex, ni celui de sa compagne, mais comme témoignage que ça n’est pas toujours facile à être une maman séparée et surtout d’être un enfant qui a tout encore à apprendre.
Avec amour.